Stratégies pour appuyer les élèves ayant des troubles d’apprentissage qui éprouvent de l’anxiété
Par Linda Houston, BA, BEd, EAO et Conseillère pédagogique à l’AOTA
Le guide du ministère de l’Éducation de l’Ontario, Vers un juste équilibre : Pour promouvoir la santé mentale et le bien-être des élèves, indique que dans une salle de classe ordinaire 2 ou 3 élèves avec ou sans troubles d’apprentissage (TA) peuvent souffrir de divers degrés d’anxiété (MÉO, 2013, p. 41).
Ce résumé présente une idée générale des manifestations ainsi que des stratégies gagnantes pour appuyer les élèves ayant des TA qui vivent de l’anxiété à l’école.
Pour conserver un certain pouvoir sur leur vie à l’école et hors de l’école, les élèves vont souvent camoufler leurs frustrations et essayeront de se sentir mieux en évitant le problème ou la situation. Mme Painchaud écrit : « Les sentiments de honte, de ressentiments et de frustration sont transformés en anxiété et ils se concentrent alors sur l’anxiété plutôt que sur le problème » (2014).
Il est important de visiter les éléments déclencheurs afin de réduire l’anxiété. Et, si l’élève ayant des TA est au courant de ces derniers, avec l’appui du professionnel de l’enseignement, sa famille et la communauté, il pourrait réduire son niveau d’anxiété. Afin d’y arriver, l’élève doit avoir une panoplie de stratégies à sa portée en plus de connaitre ses forces et ses besoins.
Il est donc important que le professionnel de l’enseignement puisse bien reconnaitre les manifestations de l’anxiété. Dans le document Les difficultés d’apprentissage: comment faire au quotidien (2013), Geneviève Lecours, Nathalie Landry et Michelle Émond donnent une liste détaillée de manifestations de l’anxiété à l’école.
Il est important de noter que l’élève ne présentera pas toutes les manifestations, mais certaines d’entre elles se manifesteront chez lui ou elle :
- A du mal à planifier les étapes d’une tâche et à l’exécuter.
- Besoin d’être sécurisé et rassuré.
- Difficulté à rester en place.
- Difficulté d’attention, de concentration ou de mémoire.
- Donne des excuses pour éviter les tâches inhabituelles.
- Facilement déstabilisé (si changement à la routine ou à l’horaire).
- Hésite à sortir des routines établies.
- Manifestations physiques d’inconfort (sudation, tremblements, palpitations).
- Ne démontre pas d’écoute aux réponses données à ses questions.
- Perfectionnisme prononcé qui provoque une lenteur dans l’exécution de la tâche.
- Plaintes somatiques (excuses en lien avec la santé).
- Pose et repose souvent les mêmes questions.
- Rigidité (réfractaire au changement). (Lecours, Landry et Émond, 2013, p.5)
D’après Vers un juste équilibre, autres signes possibles à l’école et possiblement à la maison qui pourraient se manifester chez l’élève sont :
- l’évitement,
- la procrastination,
- le sentiment d’être débordé,
- des inquiétudes quant aux échéanciers ou aux changements dans la routine,
- les douleurs physiques. (2013, p. 30-31)
De plus, ce même document indique également que les signes d’anxiété sont souvent internes et que les signes extérieurs sont difficiles à détecter, car les comportements ne sont pas nécessairement perturbateurs ou évidents (MÉO, 2013, p. 30-31). Ainsi, un élève anxieux n’exprimera pas à ses compagnons, ses parents ou aux autres adultes ce qu’il ressent parce qu’il ne sait pas que ce qu’il vit est de l’anxiété et finit souvent de souffrir en silence.
Il est important que le professionnel de l’enseignement reconnaisse le comportement d’un élève anxieux afin qu’il puisse déterminer comment soutenir cet élève.
Des éléments pouvant aider l’observation seraient de/d’:
- identifier le moment où l’anxiété se manifeste.
- noter les circonstances et les conditions qui déclenchent l’anxiété.
- consigner la fréquence, la durée et l’intensité du comportement. (MÉO, 2013, p. 35)
Une grille d’observation indiquant les éléments ci-dessus pourrait être développée afin de bien identifier le comportement ainsi que la situation qui cause l’anxiété chez l’élève.
Les stratégies suivantes ont pour effet de diminuer les facteurs de stress externes et sont applicables autant à l’élémentaire qu’au secondaire :
- Créer un environnement d’apprentissage où les erreurs sont considérées comme une partie naturelle du processus d’apprentissage.
- Fournir des horaires et des routines prévisibles en classe.
- Annoncer les changements de routine à l’avance.
- Donner de simples exercices de relaxation qui impliquent toute la classe.
- Encourager les élèves à aborder une tâche qu’ils redoutent, de manière graduelle et par petites étapes. (MÉO, 2013, p. 34)
Un apprentissage des stratégies est nécessaire, car elles ne sont pas innées.
Voici quelques stratégies suggérées par Painchaud à présenter à l’élève afin de l’aider à soulager son anxiété :
- Exprimer à ses amis et aux adultes qu’il se sent anxieux ou honteux
- Visualiser des images positives
- Se faire des scénarios réalistes
- Rester en contact avec ses sentiments
- Accepter ses difficultés d’apprentissage et sa vulnérabilité sociale. (2014)
Stratégies préventives
1- Les stratégies préventives suivantes favorisent le développement du sentiment d’efficacité qui pourrait ainsi prévenir ou diminuer l’anxiété chez l’élève. Plus celui-ci est développé chez l’élève, le moins il sera anxieux.
Voici quelques stratégies proposées par Jacinthe Beaulieu dans sa présentation au colloque des TES, le 31 mai 2013, intitulé « L’anxiété à l’école » à mettre en œuvre dans la classe :
- Encourager le langage intérieur positif.
- Aider l’élève à établir des attentes réalistes.
- Dédramatiser.
- Inciter l’élève à voir « le verre à moitié plein » au lieu « d’à moitié vide ».
- Valoriser l’affirmation personnelle.
- Encourager les comportements non anxieux ou courageux (verbalement, affectivement ou autrement).
- Modeler par l’exemple.
- Favoriser l’autonomie dans la gestion de l’anxiété.
- Repérer les stratégies subtiles d’évitement et offrir des stratégies gagnantes.
- Partager régulièrement des moments de plaisir avec les élèves.
- Avoir un plan d’urgence pour les situations de crise.
Cliquer ici afin d’imprimer ces stratégies.
Stratégies de planification de l’enseignement
2- Les stratégies de planification de l’enseignement aideront à minimiser l’anxiété chez les élèves et en particulier les élèves ayant des TA. La planification apporte une stabilité et une routine à la journée ou au travail attendu, ce qui aide l’élève anxieux à gérer les dérangements et diminue les changements dont il peut percevoir comme inattendus.
Lecours, Landry et Émond, énumèrent certaines stratégies ci-dessous :
- Diviser les travaux en plus petites étapes.
- Fournir un modèle de planificateur ou organigramme et expliquer comment l’utiliser.
- Fournir un plan de travail individualisé avec une séquence à cocher.
- Fournir un plan de travail avec des tâches précises à accomplir et à cocher.
- Personnaliser certains référentiels, aide-mémoires et autres.
- Prévoir des périodes de tutorat individualisées.
- Prévoir des périodes régulières de rappels et de révision.
- Prévoir du temps pour les retours avec l’élève.
- Fournir divers outils pour gérer le temps. (2013, p. 4)
Dans le document Vers un juste équilibre, une liste de comportement et les stratégies pour aider sont décrites. Les comportements et les stratégies applicables touchent, entre autres, les domaines suivants (2013, p. 36-40) :
Comportement | Stratégies pédagogiques |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ces mesures peuvent se trouver dans un plan d’enseignement individualisé (PEI), si l’élève est identifié sous une anomalie ou non. Elles peuvent aussi être incluses en tant qu’attentes différentes. Les mesures peuvent aussi être décrites dans un plan d’action qui n’est pas inclus dans le PEI.
Ressources pertinentes sur le site TA@l’école
Ressources
- Cliquer ici afin d’accéder au guide du ministère de l’Éducation de l’Ontario Vers un juste équilibre : Pour promouvoir la santé mentale et le bien-être des élèves.
- Cliquer ici afin d’accéder au document de la Commission scolaire de Laval « Les difficultés d’apprentissage: comment faire au quotidien : Mode d’emploi et stratégies pour l’enseignant ».
- Cliquer ici afin d’accéder au document Trouble anxieux du ministère de Alberta Education.
- Cliquer ici afin d’accéder au site RIRE, pour lire un article intitulé « Anxiété et pleine conscience : la pratique en classe ».
- Beaulieu, Jacinthe. (2013). L’anxiété à l’école – Présentation au colloque des TES. Commission scolaire des Samares, Québec. Repéré à http://www.colloquetes.org/upload/File/documents2013/atelier_%2323_Lanxiete_a_lecole.pdf
- Lecours, Geneviève, Landry, Nathalie et Émond, Michelle. (2013). Les difficultés d’apprentissage: comment faire au quotidien. Commission scolaire de Laval, Québec. Repéré à http://www.pierrepotvin.com/8.%20Banque%20d’outils/Difficultes_apprentissage_%20strategies.pdf
- Ministère de l’Éducation de l’Ontario. (2013). Vers un juste équilibre, Pour promouvoir la santé mentale et le bien-être des élèves, Guide du personnel enseignant, version provisoire. Repéré à http://www.edu.gov.on.ca/fre/document/reports/SupportingMindsFr.pdf
- Painchaud, Manon. (2014). Pourquoi ai-je mal à l’estomac? Comment les personnes ayant une difficulté d’apprentissage peuvent utiliser des stratégies cognitives pour réduire l’anxiété et le stress à l’école ?Commission scolaire Val-des-Cerfs, Québec. Repéré à http://aqps.qc.ca/wp-content/uploads/2014/10/13-1-081.pdf
- Turgeon, L., Brousseau, L. (2000). Prévention des problèmes d’anxiété chez les jeunes. Dans Problèmes d’adaptation chez les enfants et les adolescents, Vitaro, F., Gagnon, C., Presses de l’Université du Québec.